Conduite autonome : le platooning testé en conditions réelles

30 mars 2018 -

Actualité juridique et métier

Le constructeur MAN Truck & Bus vient de s’associer au transporteur allemand DB Schenker afin de tester pour la première fois en Europe et en conditions réelles, la circulation de camions en convoi autonome, appelé aussi platooning. L’expérimentation grandeur nature débutera dès le mois d’avril 2018 et sera effectuée sur l’autoroute A9, entre deux centres logistiques du transporteur : Munich et Nuremberg.
L’expérience doit notamment servir à évaluer l’impact de cette technologie sur les chauffeurs et sur les différentes problématiques logistiques. Le platooning est-il réellement adapté aux contraintes de la chaîne logistique ? Réponse dans quelques semaines.  

DB Schenker

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Les premiers essais routiers dès le mois d’avril

Qu’est-ce que le platooning ? Basé sur une communication à distance de véhicule à véhicule (V2V) et une technologie d’aide à la conduite, le platooning consiste à relier deux camions ou plus virtuellement. Concrètement, le camion en tête de convoi dicte la vitesse et la direction aux suivants, leur permettant de circuler en convoi rapproché, à moins de 15 mètres de distance. La possibilité de faire une économie non négligeable de 10% de carburant, engendrée par l’effet d’aspiration du véhicule de tête.

Ce projet ambitieux est financé à hauteur de 2 millions d’euros par le ministère allemand des transports et des infrastructures numériques (BMVI). Après plusieurs mois consacrés à la production des véhicules d’essai, il est maintenant temps de les essayer en conditions réelles. Dans un premier temps, les camions rouleront à vide avant d’être intégrés à des opérations réelles à partir du mois de mai 2018. A terme, des convois circuleront jusqu’à trois fois par jour pour acheminer des marchandises.

« Nous avons déjà prouvé que la technologie du « platooning » fonctionne, avec des projets tels que l’European Truck Platooning Challenge en 2016, a indiqué Frederik Zohm, membre du comité de direction pour la recherche et le développement de Man Truck & Bus AG. Le défi consiste maintenant à adapter cette technologie aux conditions réelles dans lesquelles opèrent au quotidien les logisticiens. »

Man Truck & Bus

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Les impacts de la conduite autonome sur les conducteurs

Des conducteurs professionnels seront au volant des camions pendant les essais de cette conduite autonome. Ces derniers suivront une formation intensive, théorique et pratique, dispensée par des formateurs de chez MAN Truck & Bus. Ils s’entraîneront dans un premier temps sur simulateur de conduite, puis effectueront les trajets en tant que passagers et en conduite accompagnée, avant d’être laissés seuls. Lors des tests, ils devront garder les mains sur le volant pour pouvoir intervenir si nécessaire.

Le duo de professionnels du transport s’est associé à des chercheurs de l’institut de recherche en santé complexe de l’université Fresenius afin de suivre les conducteurs pendant cette première phase de test et comprendre les différents impacts de cette technologie sur leur manière de conduire.

Au-delà de la validation opérationnelle de la technologie en condition réelle, l’objectif est d’analyser l’attention et la fatigue des conducteurs pendant leurs trajets. « Les résultats de l’étude au niveau de l’interface homme-machine seront directement réinjectés dans le développement de la technologie. Et plus largement, nous aurons l’opportunité de faire des constatations générales sur la digitalisation des conditions de travail qui pourront servir pour d’autres projets » détaille le professeur Christian T. Haas, directeur de l’institut de recherche en charge de l’évaluation.

Les résultats influeront sur le développement technologique des interfaces destinées au platooning, et serviront à déterminer les tâches que pourraient effectuer les conducteurs lors des phases de conduite autonome.

Man Truck & Bus

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Cette prouesse technologique n’est pas inconnue des professionnels du transport puisque le Japon l’expérimente déjà sur leurs autoroutes depuis le mois de janvier 2018. Destinée à développer l’intelligence artificielle, cette innovation n’en reste pas moins une conduite semi-autonome : la présence d’un conducteur dans le camion étant toujours nécessaire pour contrôler le véhicule.